jeudi 23 décembre 2010

L’externalisation de la gestion des règles métier (2ème partie)

Suite du billet précédent : « L’externalisation de la gestion des règles métier (1ère partie) »

La gestion centralisée des règles et leur accessibilité à des non-informaticiens permettent d’envisager d’impliquer et de responsabiliser fortement les professionnels d’un domaine en leur donnant la possibilité d’intervenir directement, sans intermédiaire, sur les règles métiers contenues dans un système d’information. L’effet « boîte noir » est largement atténué voir complètement éludé. De surcroît, dans les contextes complexes, pointus on évite de devoir expliquer de manière détaillée au département IT toutes les subtilités des règles métier avec le risque d’une mauvaise compréhension générant des aller-retour nombreux nuisant à la rapidité d’action.
La majorité des logiciels du marché permettent en effet d’une part d’écrire les règles en langage naturel et non en code informatique et d’autre part de simuler l’impact qu’aurait une modification et de détecter automatiquement un certain nombre de manquements, de conflits et d’incohérences entre l’ensemble des règles.


De plus une fois publiée, une règle, peut être auditée – même celle qui ne serait plus en vigueur au moment présent – afin d’analyser une situation particulière ou simplement de connaitre le nombre de fois et en quelle circonstance elle a été appliquée. La traçabilité d’une décision émanant d’un ensemble de règles est également indispensable dans certaines situations notamment où les aspects légaux interviennent. Enfin, le partage d’information, voir le travail collaboratif entre les différents départements d’une organisation apporte une plus grande fluidité dans le déroulement des processus organisationnels.


Du côté du département de l’informatique, la séparation entre l’applicatif et le moteur de règles simplifie la maintenance : les cycles de vie, rarement convergents, sont en effet gérés de façon indépendante et les modifications de règles ne nécessitent pas d’intervenir sur chacun des logiciels métier. La gestion de la charge sur les serveurs est également facilitée.


Tous ces éléments plaident en faveur d’un fonctionnement plus agile des processus d’une organisation et apportent un gain de performance, de productivité important principalement pour les sociétés confrontées à des problèmes de réglementation changeant rapidement ou à des règles métier volatiles.


En bref encore quelques points :


Métier
  • Le référentiel centralisé apporte une plus grande rigueur en permettant de partager les règles entre plusieurs processus et en offrant la possibilité qu’une même règle puisse être utilisée par plusieurs systèmes.
  • Possibilité de définir des règles globales puis de les surcharger pour répondre à des spécificités locales.
  • Développement itératif des jeux de règles avec des essais-erreurs.
  • Travailler simultanément sur plusieurs versions de règles, par exemple, les nouvelles affaires sont assujetties au jeu de règles actuel tandis que les anciennes restent soumises à la version antérieure du jeu de règles.
  • Accroissement de la transparence : les règles ne sont plus enfouies dans le code des applications et uniquement accessibles à des spécialistes techniques. Aussi en rapprochant les métiers du système d’information ce dernier devient plus agile et s’aligne mieux aux impératifs opérationnels.
  • Prendre des décisions contextuelles — personnalisées si possible ou standardisées quand nécessaire. Dans le secteur de la grande distribution par exemple, globalement, la compétitivité commerciale est accrue grâce à des offres affinées en temps quasi réel en fonction du client, du type de produits, de la saison, etc.  Et le potentiel d’innovation en matière de stratégie commerciale est plus élevé grâce aux simulations. 
  • Généralement des analyses plus pointues peuvent être produites afin soit d’ajuster les règles existantes, soit de juger de la pertinence ou non d’une décision, soit de déterminer des tendances, soit encore à des fins d’analyse prédictive pour déterminer dans le futur quelles décisions et actions l’organisation pourrait-être amenée à prendre.
  • Réduction des effets néfastes lors du départ ou de l’absence d’un spécialiste du fait d’une meilleure répartition de la connaissance au sein de l’organisation. Il en va de même pour l’éventuel goulot d’étranglement que pourrait représenter le service IT.

Informatique
  • Sécurité renforcée lors de la modification de règles car il est plus aisé de traiter une erreur  grâce notamment aux fonctionnalités suivantes : monitoring, traçabilité, versionning spécifique à une règle et éventuellement workflow d’approbation d’une modification.
  • Amélioration des performances de calcul, en général les moteurs de règles sont mieux optimisés que les algorithmes contenus dans chacune des applications.
  • Technologie pointue pour la gestion de la charge et l’adaptation de la puissance de calcul à la demande.
  • Système permettant de déclencher le recalcule d’une règle seulement si  les données sous-jacentes ont changées plutôt que le calcul systématique de manière procédural.

Mais attention la mise en place d’une solution BRMS n’est pas aussi triviale qu’il peut y paraître, bien quelle soit sans doute plus aisée à implémenter qu’une architecture SOA complète. En effet, un manque de gouvernance, un environnement ou l’intuition prédomine sur le factuel, ou l’harmonisation des processus n’est pas à l’ordre du jour, un projet dont l’IT est moteur et dont les métiers ne sont pas suffisamment impliqués sont des facteurs qui peuvent rendre la tâche ardue. Par ailleurs l’utilisation d’un outil de BRMS pour un seul besoin, une seule application n’est que rarement rentable. Aussi il faut des compétences, des connaissances et de l’expérience pour produire des règles efficaces et adaptées.

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